lundi 11 août 2014

Belgique: Le déchet dans le passé

Le déchet dans le passé, témoignages recueillis dans la province de Liège



Monsieur Henri, né en 1935, a vécu sa jeunesse en ville.


«  Quand j’étais jeune, les poubelles existaient déjà. C’était des poubelles métalliques. On y mettait essentiellement des déchets ménagers. C’étaient les ménagères qui s’occupaient des poubelles. Les camions emportaient le contenu et le jetaient dans des remblais.


Les vêtements qu’on ne portait plus étaient donnés au Cercle Paroissial, les emballages étaient brûlés dans le foyer mais il n’y en avait pas beaucoup. Les savons étaient solides même pour la lessive, on n’avait pas besoin d’emballage. »


Madame Maria, née en 1929, a vécu sa jeunesse à la campagne dans une ferme.


« On mettait tout à point ! Les restes des repas, on les donnait aux chats et aux cochons. Les épluchures de pommes de terre et celles des autres légumes, on les jetait sur le fumier.  On jetait le contenu des toilettes dans la fosse à fumier. Le papier toilette était du papier journal puis quand on a eu le téléphone, c’était des feuilles de l’annuaire téléphonique.


Pour les vêtements, on récupérait tout. Hors de deux robes, on en faisait une avec par exemple le dessus fleuri et le dessous uni. On réparait les chaussettes. Avec un drap de lit, un couvre lit, une petite robe, on faisait des mouchoirs. Les tissus des mouchoirs actuels sont moins absorbants.


J’ai même eu un tablier double face pour aller à l’école, avec une poche à l’endroit et une poche à l’envers. »


Madame Joséphine, née en 1925, a vécu sa jeunesse à la campagne dans une ferme.


« On réutilisait tout. Comme on ne mettait pas de détergent dans l’eau de vaisselle alors on pouvait la donner aux cochons qui mangeaient aussi tous les restes de  la cuisine.  On faisait du fromage  et les voisins venaient en acheter. Ils apportaient eux-mêmes leurs boîtes et leur cruche pour le lait. Pour la viande, on tuait de temps en temps, un cochon et on le préparait entièrement. Comme on n’avait pas de congélateur, on le mettait dans le sel dans des pots en grès, dans la cave.  A la ferme, on n’avait pas l’eau alimentaire, mais il y avait des puits dans toutes les fermes. On puisait l’eau puis on l’entreposait dans la cave. Pour se laver, pour la lessive, on utilisait l’eau de pluie. »


Madame Simone, née en 1927, a vécu sa jeunesse à la campagne.


« Il me semble qu’on n’avait pas de poubelles ou en tout cas pas beaucoup. Les épluchures des pommes de terre, on les jetait dans le feu.  Au magasin, tout était à peser, on achetait des grains de café qu’on nous mettait dans un sachet ou dans une boîte et on devait les moudre à la maison, le sucre était dans des boîtes en carton. Je me souviens de ma grand-mère qui était épicière : on venait chez elle avec des bouteilles qu’on remplissait de vinaigre, d’huile, …. Je crois que toutes les bouteilles étaient consignées. On nous les mettait puis on les rendait. Il n’y avait pas de nourriture déjà emballée. On achetait le lait, le beurre, les œufs et le fromage à la ferme. »


Madame Jeanne, née en 1923, a vécu sa jeunesse dans une petite ville.


«  Il y avait beaucoup de métiers qui n’existent plus. Un rémouleur passait deux ou trois fois par année pour aiguiser les couteaux, le laitier déposait des bouteilles de lait en verre puis qui les reprenait la semaine suivante. Je me souviens d’un fermier qui venait chaque semaine à vélo nous vendre ses œufs. Mon père racontait qu’il avait connu un vendeur de lait qui faisait sa tournée avec une carriole tirée par un grand chien. Quand j’étais jeune, on n’avait ni téléphone, ni radio, ni télévision. C’était une autre vie (…) mais je ne rappelle pas qu’on avait des poubelles.  »


Madame Marie, née en 1930, couturière, a vécu toute sa vie à la campagne.


« On peut dire que pour s’habiller, on a toujours recyclé. On retournait les cols de chemise quand ils étaient usés. C’était devenu tellement naturel que même ma fille le fait encore pour les chemises de son mari, quand elle aime bien le tissu. On recoupait les manches usées, on rapiéçait les vêtements, la literie, on raccommodait les chaussettes trouées. On ne jetait rien. On récupérait les bouts de tissus, de lainage, … pour faire des flocons pour rembourrer les coussins ou les matelas. Comme les tissus étaient en coton, on utilisait aussi les restes pour en faire des mouchoirs qu’on brodait à nos initiales. Quand un pull était trop petit ou troué et qu’on ne savait pas le réparer, on le détricotait et on réutilisait la laine pour un nouveau  tricot. Pour avoir un fil plus épais et plus solide, on utilisait deux fils ensemble.»